La chenille processionnaire du pin
Hiver doux puis printemps chaud, été sec, cette année les conditions de prolifération des chenilles processionnaires sont réunies notamment à La Tranche sur mer. Mais comment s'en débarrasser?
Un vrai nuisible :
La chenille processionnaire est le stade larvaire d’un papillon nocturne (fig 1), Thaumetopoea pityocampa. Ce papillon de 35 à 40 mm est gris cendré avec des bandes sombres, plus marquées chez le mâle que chez la femelle qui a une teinte plus claire. Elle affiche également une plus grande taille que le mâle, un abdomen plus volumineux et cylindrique et des antennes plus fines.
=> Suivre le cycle annuel de la chenille : fig 3
Phase aérienne:
La naissance de l’imago (stade adulte) a lieu en été à partir de mi-juin. (1)
Les papillons sont nocturnes et ne vivent en général pas plus d'une nuit.
Ils s'envolent (2) et vont aussitôt se reproduire, le mâle mourant juste après. La femelle, elle, attendra d’avoir pondu ses œufs, environ 20 à 200 disposés entre des aiguilles de pin pour disparaitre.
Fig 1- chenille processionnaire- 1-Papillon femelle 2-Papillon male
Elle protège ses oeufs à l’aide d’écailles brunes ou blondes aux reflets nacrés, l’ensemble formant comme un manchon très caractéristique argenté (fig 2) bien que peu voyant du fait de sa petite taille, entre 2 et 3 cm. La femelle de la processionnaire du pin a un vol assez lourd qui l’empêche de voler haut, les pontes se font donc généralement sur les branches les plus basses des résineux ce qui compense leur discrétion en terme de visibilité. Ses essences de prédilection sont les pins maritime, sylvestre, d’Alep ou encore le pin noir d’Autriche, et en second choix les cèdres ou les sapins. Cependant, la densité de la population dans certaines zones la pousse vers d’autres essences comme le genévrier.
Chenilles du pin-Ponte avec jeunes chenilles
Fig 2 -Chenilles processionnaire du pin : manchon argenté des oeufs
Stades larvaires:
Quand la somme des températures moyennes journalières a atteint 780 °C, correspondant au cumul des températures moyennes des 30 à 45 jours après la disparition des adultes, les chenilles stade L1 éclosent (3). La période d'éclosion va de fin juillet à fin septembre.
Chenilles du pin-différents stades larvaires
La chenille naît après 4 à 6 semaines, vers la fin de l’été. Sa taille minuscule au premier stade (L1), 3 mm à peine, ne l’empêche pas de commencer aussitôt à se nourrir des aiguilles de son hôte. La colonie tisse des nids temporaires pour s’y abriter, qu’elle quitte en processions lorsque la nourriture vient à manquer sur le rameau occupé. Dès que la zone autour de leur abri n'offre plus assez de nourriture, les chenilles émigrent plus haut dans l'arbre et reforment un nouveau nid.
La construction du « nid » commence dès la sortie des chenilles. Celles-ci tissent un entrelacement de soie très fin tout autour de la ponte aussi appelé « pré-nid ».
Elles commencent à se déplacer la nuit pour s'alimenter pouvant aussi changer de lieu de regroupement. Dès que la zone autour de leur abri n'offre plus assez de nourriture, les chenilles émigrent plus haut dans l'arbre et reforment un nouveau nid. ceci explique pourquoi on en retrouve jusqu'en haut de la cime des arbres.
Elles partent se nourrir en procession. Des fils de soie sécrétés depuis leur sortie du nid leur permettent de retrouver facilement celui-ci. Cette alimentation nocturne est réglée sur la période d'obscurité. Mais, dans des cas exceptionnels, comme la surpopulation ou des températures nocturnes trop froides, l'alimentation peut se faire pendant la période diurne. A ce stade, elles ne sont pas encore urticantes.
À chaque changement de stade larvaire, les chenilles entrent dans une période de mue où elles cessent de s'alimenter. Elles se couvrent de plus en plus de poils (4) et changent de couleur
Lorsque la larve de la processionnaire arrive au quatrième stade (L4), l’automne est arrivé (5). Dès les premiers froids, la colonie tisse alors un nid d’hiver (fig 4) qui va permettre la survie du groupe, à l’extrémité d’une branche pour bénéficier de la chaleur du soleil.
L'élaboration du nid d'hiver est très hiérarchisée, comprenant deux enveloppes superposées : une interne, d'épaisseur importante, et une externe, plus lâche, qui a un rôle de superstructure. Aucun orifice de sortie n'est prévu ; les chenilles doivent faire leur passage à travers les mailles du tissage. Le nid d'hiver est un radiateur thermique captant les rayons du proche infrarouge émis par le soleil. On peut noter une élévation de température de 1,5 °C par heure d'insolation.
Les chenilles sortent se nourrir tant que les températures le leur permettent, puis elles restent enfermées jusqu'au redoux. C’est à ce moment là, en fin d’hiver, qu’elles descendent de leur arbre, toujours en procession (6). Ces processions, dont chacune représente une colonie entière, ont lieu généralement au printemps, entre février et mai selon les régions.
Elles ont alors besoin de s’enterrer sous terre pour préparer leur chrysalide (stade larvaire).
Deux semaines plus tard, chaque chenille va tisser un cocon individuel dans lequel aura lieu la transformation en chrysalide (7) (fig 3) puis, au bout de quelques mois en papillon (8).
Les chrysalides transformées en papillon sortent de terre. Le cycle peut alors reprendre par accouplement de la femelle et du mâle qui meurt un ou deux jours après, alors que la femelle s'envole vers une branche pour pondre ses 70 à 300 oeufs avant de mourir aussi. Les petites chenilles éclosent 30 à 45 jours après la ponte.
Fig 3 - cycle annuel des chenilles (1) à (8)
Phase souterraine :
La phase aérienne se termine par la procession des nymphes qui a lieu de février à mai, et peut durer jusqu'à six jours. La chenille de tête est une femelle. Elle se dirige vers un terrain qui est ensoleillé et meuble. Les chenilles de la procession se regroupent et l'enfouissement peut commencer (figure 5).
Elles peuvent aller de 5 à 20 cm sous terre. Si les conditions d'espace et de température ne sont pas réunies, les chenilles peuvent ressortir pour chercher une zone plus propice.
La phase souterraine peut alors commencer. Elle peut durer de quelques jours à plusieurs mois, de mars à juillet. Une fois sous terre, les chenilles tissent autour d'elles un cocon de nymphose et arrêtent leur développement. Dans les régions méditerranéennes, celui-ci reprend activement quelques semaines avant l'émergence des adultes.
Quand les conditions sont défavorables, en cas de sols secs par exemple, la diapause (vie ralentie) peut être prolongée et peut durer jusqu'à cinq ans. Cette variabilité est un problème important pour l'organisation de la lutte contre la processionnaire du pin.
La chenille est vorace, et plus il y a de colonies sur un pin moins celui-ci conservera d’aiguilles après leur passage. Pour autant, une année de ce régime ne tue pas l’arbre, celui-ci repartira très vite. Par contre, ces hôtes indésirables deviennent néfastes pour lui s’ils reviennent année après année.
La défoliation empêche le processus de photosynthèse de se faire, l'arbre s’affaiblit, ouvrant une brèche pour d'autres pathogènes.
Autre conséquence désastreuse de leur présence : les poils urticants qui jonchent les nids, le sol après leur passage, dont la substance allergène reste active durant des mois.
Cette espèce autrefois limitée aux régions du sud de la France trouve de plus en plus de régions favorables à son développement, grâce au réchauffement climatique. En effet, il faut des hivers où les températures descendent en dessous de -16° pour “refroidir” la processionnaire du pin, et ces basses températures se raréfient, même en montagne où la chenille progresse également en altitude.
Les dates de ponte et de procession deviennent également moins stables : les automnes doux et chauds entraînent des processions au mois de novembre comme à La Tranche sur mer:
Photos Claude Rousseau
On peut trouver parmi les colonies partant en nymphose des chenilles de stade inférieur qui se sont perdues... Il devient donc de plus en plus difficile d’appliquer des solutions au moment opportun.
Comment se débarrasser des chenilles :
Il existe 2 types de pièges pour la chenille processionnaire du pin, qui n’emploient pas la même méthode de capture et qui ne s’utilisent pas à la même période, puisque le premier s’adresse aux papillons tandis que le second vise les chenilles lors de leur procession finale.
1-Comment capturer le papillon ?
Les pièges à phéromones pour la chenille processionnaire du pin émettent des hormones sexuelles femelles, afin d’attirer des mâles et de les capturer. Ces pièges limitent de ce fait le nombre de femelles fécondées, et donc le nombre d’œufs pondus. Ils sont installés à la fin du printemps, vers le mois de juin, pour rester en place jusqu’à fin septembre. Il faut compter 1 piège par pin, ou bien tous les 25 mètres si les arbres sont groupés. C'est un traitement biologique.
Ces pièges présentent un autre intérêt, celui de déterminer avec précision le début de la saison de reproduction de ce ravageur. Il sera ainsi plus facile de connaître le moment idéal pour employer des moyens de lutte complémentaires, 1 mois après le vol, en ce qui concerne le traitement au Bacillus thuringiensis ou Bacille de Thuringe.
Son prix est d'environ 40 €.
chenilles processionnaires-du-pin-avec-phéromones-longue-durée
2-Comment piéger la chenille ?
L’éco piège contre la chenille processionnaire du pin est un système qui encercle l’arbre occupé par ces larves et les empêche de rejoindre le sol. Le collier est percé en un point d’où part un tube qui rejoint un sac. Les chenilles parcourent le collier et poursuivent de gré ou de force leur chemin vers le bas, en descendant ou en tombant dans le tube. En effet, à ce stade là, elles sont programmées pour rejoindre le sol, donc incapables de remonter le long de l'arbre. Une fois que la procession est totalement terminée, le sac sera détaché et brûlé.
Les colliers, adaptables, existent en plus en diverses tailles, afin de s’ajuster au mieux au diamètre de votre pin. Ils sont réutilisables une fois que le sac collecteur a été détruit, celui-ci peut être acheté séparément. Ils s’utilisent entre décembre et mai, en fonction du climat de votre région.
Ce système de piège est idéal car il limite au maximum les manipulations et ne s’adresse qu’aux chenilles processionnaires du pin, aucun autre insecte ne sera piégé dans la collerette.
Il coûte autour de 40 €, prix modulable selon sa taille.
Attention : le piège doit être hors de portée des enfants ainsi que de vos animaux domestiques. Il peut être nécessaire de supprimer quelques branches basses pour pouvoir l’installer à une hauteur suffisante.
Chenilles : piège et son sac
Un bon bricoleur peut en fabriquer un lui-même :
Chenilles : piège maison
Lutte mécanique :
Couper et brûler les branches porteuses de pontes, pré-nids et nids en cas d'attaque ponctuelle, sur des arbres facilement accessibles. Se protéger soigneusement contre les risques d'urtication (combinaison, masque, lunettes, gants).
Lutte biologique :
Les prédateurs naturels des chenilles sont les mésanges, le coucou ou la huppe fasciée appelée « puputte » à La Tranche. Il faut donc favoriser leur implantation (nichoirs par exemple)
Lutte chimique :
Par pulvérisation de produits phytosanitaires biologiques ou chimiques ( voir Mairie ci-dessous)
Périodes et moyens de lutte :
chenilles pins- comment lutter - périodes
Le traitement aérien d'épandage par hélicoptère a été abandonné car pas assez ciblé (les arbres sont trop dispersés et trop proches des habitations) et pour une raison de santé publique.
Evitez les réactions allergiques :
Mais quels sont les risques pour la santé ? Le danger réside dans les poils de ces chenilles, qui contiennent une protéine toxique appelée thaumétopoéine. Celle-ci est à l’origine de rougeurs, d’éruptions cutanées, de toux et de réactions allergiques pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique et à l’hospitalisation.
Le contact direct avec une de ces chenilles ou leur nid ne constitue pas le seul problème : leurs poils sont également portés par le vent et peuvent se déposer sur les fruits et légumes, dans les cheveux, sur les vêtements ou encore sur du linge étendu.
Alors comment se protéger de ces chenilles et de leurs poils ? Les Agences Régionales de Santé préconisent d’adopter les réflexes suivants :
- Ne pas s’approcher et ne pas toucher les chenilles ni leur nid, en particulier les enfants ;
- Ne pas se promener sous les arbres porteurs de nids ;
- Porter des vêtements longs en cas de promenade en forêt ou près d’arbres infestés ;
- Eviter de se frotter les yeux pendant ou au retour d’une balade ;
- Bien laver les fruits et les légumes de son jardin ;
- Eviter de faire sécher le linge à côté d’arbres infestés ;
- En cas de suspicion d’exposition aux chenilles, prendre une douche et changer de vêtements.
Les chenilles processionnaires du chêne et du pin possèdent des poils urticants qui peuvent se détacher très facilement sous l’effet du vent ou lors d’un contact. Ces poils peuvent être transportés sur de longues distances. Par leur structure particulière, ces poils s'accrochent facilement aux tissus (la peau et les muqueuses) y provoquant une réaction urticarienne par libération d'histamine (substance aussi libérée dans les réactions allergiques).
La survenue de ces effets n’implique donc pas forcément d’avoir été en contact direct avec les chenilles. Ces propriétés urticantes persistent même après la disparition de la chenille.
chenille poils-harpons vus au microscope électronique (20 u)
Les poils peuvent être assimilés à des flèches ou des harpons munis de barbillons dirigés vers la pointe du poil. Celui-ci peut ainsi pénétrer dans la peau par son extrémité pointue mais ne peut ressortir à cause des barbillons.
Contact avec la peau:
Apparition dans les huit heures d'une éruption douloureuse avec de sévères démangeaisons. Les poils urticants se dispersent aisément par la sueur, le grattage et le frottement ou par l'intermédiaire des vêtements.
Chenille du pin-démangeaisons chenille-processionnaire-ça gratte
Contact avec les yeux :
Développement après 1 à 4 heures d'une conjonctivite (yeux rouges, douloureux et larmoyants).
Contact par inhalation :
Les poils urticants irritent les voies respiratoires. Cette irritation se manifeste par des éternuements, des maux de gorge, des difficultés à déglutir et éventuellement des difficultés respiratoires.
Contact par ingestion :
Il se produit une inflammation des muqueuses de la bouche et des intestins qui s'accompagne de symptômes tels que de l'hypersalivation, des vomissements et des douleurs abdominales.
En cas de réaction allergique au niveau des yeux, de la peau ou des voies respiratoires : consulter rapidement un médecin.
Il faut noter que les poils sont très présents dans les nids d'hiver, et ce même après plusieurs années. Manipuler des nids même vides est donc dangereux.
Quels dangers pour nos animaux de compagnies :
Guidés par la curiosité, les chiens et chats sont nombreux à entrer en contact avec ces processions, soit avec la truffe et la langue pour les chiens, soit avec leurs pattes pour les chats.
Les réactions aux points de contact sont violentes, et relèvent de l’urgence vétérinaire. Lorsque des muqueuses sont touchées (langue, babines, paupières, truffe) des œdèmes aigus provoquent leur gonflement brutal. Dans la cavité buccale, le moindre gonflement de la langue peut aboutir à une obstruction du pharynx et donc à une asphyxie. Une nécrose plus ou moins importante de la langue est toujours à craindre.
Le premier reflexe qu'il faut avoir est de lui rincer immédiatement la bouche à l'eau froide (15 minutes)
N'oubliez pas de porter vous-même des gants. Contacter ensuite rapidement le vétérinaire.
Les réactions cutanées sont moins violentes, les œdèmes intervenant plus lentement. Néanmoins, le premier réflexe de l’animal sera de se lécher, et de déplacer la réaction allergique à la bouche, compliquant rapidement la situation. Dans certains cas, les chenilles sont avalées. Les vomissements qui s’en suivent traduisent la vive inflammation de l’estomac provoquée par les poils. Des ulcères gastriques peuvent rapidement apparaître.
Chaque année de nombreux chiens et chats perdent une partie, plus ou moins importante, de leur langue suite aux nécroses liées à ces réactions – certains allant même jusqu’à une amputation complète de la langue.
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La mairie de La Tranche, avec l'aide d'une entreprise spécialisée, peut aussi vous aider à combattre ces chenilles ainsi que les frelons asiatiques et vous apporter une aide financière.
Le traitement s'effectue de septembre à décembre par pulvérisation locale.
(S'inscrire début septembre)
( voir site de la mairie : https://www.latranchesurmer.fr/
Infos de la mairie : 13/9/2022
La société Polleniz Vendée va commencer le traitement des pins à partir du lundi 19 septembre en commençant par le sud-est de la commune (quartier Sainte Anne) pour remonter, rue par rue, jusqu’à
la Terrière. Pour que le traitement biologique soit efficace il convient de l’appliquer dans de bonnes
conditions météo : il est interrompu par temps de pluie et lorsque le vent est trop fort. Il n’est donc pas possible de connaître avec précision le moment de passage du traitement.
Pour rappel, le traitement biologique est réalisé à partir de la voies publiques, avec une pulvérisation
qui couvre un rayon de 40 m. Le traitement est pris en charge sur l’ensemble de la commune par la municipalité.
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