Autrefois la Tranche

Autrefois la Tranche

Une figure tranchaise

Une figure tranchaise : Eugène Guérineau

 

 

 

Connu en tant que chantre à l’église de la Tranche sur mer, avec une très belle voix qui lui a valu quelques félicitations, il s’accompagnait de l’harmonium lors des messes. Pendant les vêpres, il lui arrivait quelques « absences somnolentes» vite reprises sous l’étonnement des paroissiens.


C’était aussi un pêcheur à la foëne  hors du commun.

Muni de sa fourche à paumeter à quatre pions coupés courts, de son panier en osier (bourriche ou boutillon), de sa veste de marin, souvent pieds nus et quelquefois de ses bottes cuissardes, il arpentait le sable de l’estran à la recherche de soles, de plie ou de turbot.

Avec régularité, tout en fouillant du pied le sable, il plantait sa foëne pour piquer le poisson.

 

Il disait :

Le poisson se cache sous une mince pellicule de sable, vous cherchez du pied ou à la fourche, vous piquez. Si vous sentez votre foëne qui grince et un frémissement tout le long de votre bras, il est là. C’est une question de sensibilité. Dès que vous l’avez senti, vous le coincez avec le pied, vous cherchez la tête, vous le prenez derrière les ouïes et toc ! dans le panier !

 

Il faut bien connaître les habitudes des poissons. En juillet et en août l’eau dans les trous est chaude. Le poisson recherche la fraîcheur, il descend vers les profondeurs, il n’est alors plus accessible pour la pêche à pied. Lorsque les nuits redeviennent fraîches, le poisson reprend alors ses habitudes. Les meilleurs mois sont au printemps de fin avril à juin puis de septembre à décembre.

De toute façon, il n’y a que le poisson qui craint la chaleur ou le froid. Lui, Eugène Guérineau, bon pied pour sentir le poisson se débattre dans le sable, bon œil pour viser avec sa fourche, part à la pêche par n’importe quel temps. Le 31 décembre et le premier janvier 1967, il a fait une pêche de 8 soles soit 10 kilos.

 

Il précise :

La sole est un poisson rusé. Cette pêche demande de la concentration, il faut faire travailler sa matière grise et être tout entier à son affaire !

Eugène Guérineau né le 22/10/1901 est décédé le 12/2/1968.

 


Eugène Guérineau était aussi connu pour ses histoires  quelque peu fantasques :

 

La grande marée

Un jour de grande marée coefficient de 317, j’étais sur le rocher de l’Aunis pour pêcher des étrilles.

Au bout de quelques temps j’entendis une voix qui m’appelait « Eugène !! Eugène !! ». Je me retourne, et là, à quelques mètres,  j’aperçois mon cousin de l’Ile de Ré qui était à la marée lui aussi. Vous me croirez  si vous voulez mais c’est vrai.

A la même marée, qu’elle ne fût pas ma surprise quand je grattais sous la banche de trouver un crabe dormeur énorme, il était si vieux, qu’il avait encore l’effigie de Louis XIV.


La pêche à la sole au Grouin :

Une fois je suis allé à la pêche au Grouin avec une marée de Septembre, pour pêcher des soles.
Je pris donc ma fouine et me voilà parti à pom’ter dans les trous d’eau.

Au bout d’un moment, je sentis une sole sous mon pied, d’un grand coup de fouine je la transperçais de part en part, et à ce moment je reçu un violent coup de queue derrière la tête, c’était une belle bête.

 

La grande tempête :

Un jour de grande tempête, le vent était si fort qu’en passant sous la porte de l’écurie il a déféré les deux pattes arrière de mon cheval, ça soufflait très fort. 

 

La marée d’équinoxe

A une marée d’équinoxe, je suis parti pom’ter autour du rocher de l’Aunis, il y avait encore beaucoup d’eau car la mer n’était pas descendue complètement. Au bout d’un petit moment je piquai ma fouine sur un énorme pocheteau (raie). Surpris, je lâche ma fouine, et bien la bête est partie avec, on aurait dit un sous-marin avec son périscope.

 

La mer monte ?

Quand un estivant demandait à Mr Guérineau si la mer montait où descendait, il sortait son briquet, si celui-ci s’allumait, la mer montait, s’il ne s’allumait pas, la mer descendait.

 

Les puces de mer (gorets en tranchais)

Un soir une équipe de Tranchais est allée en vélo à la pêche à la senne du côté de la pointe du Grouin. Après avoir déposé leurs vélos dans la dune, ils donnèrent plusieurs coups de senne sur les platins pas loin des pierres de taille.

Au bout de trois ou quatre heures la pêche fut bonne, mais il faisait froid  et pour se réchauffer, ils allument un feu sur la plage. Bien chauds, ils repartent vers leurs vélos. Qu’elle ne fut pas leur surprise de les trouver sans les pneus car les puces de mer en avaient fait leur dîner.

 

 

Rédaction  JP Bouchet – ALT 8-2024

Source : OF 8/1967

 

 

 



09/08/2024
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