Autrefois la Tranche

Autrefois la Tranche

Frédéric et la dormeuse

Frédéric et la dormeuse

 

FRÉDÉRI É LA DORMEÙSE 


l ét a çheù malureùs Frédéri qu’ol arivit çheù cot, trjhou raport que l’entendét ren. Que neùssant pa la féniantise ni ce qu’ol étét de nijhassàe, il araetét pa dau matin au sér, a touts lés aers dau tenp, moulle que vente.

A fine force d’atrapàe de çhés trenpàies, lés 
évraljhies é lés rematisses l’aviant enpougnai qu’i 
pevét pu marchàe qu’avéc dés bourdes. Coume le 
màu pénétrant le parsécutét, il alit prenre ine 
cunsulte a la dormeùse, la Miléte, qu’avét le dun a 
couse qu’al étét la sétiaeme d’ine grouàie de 
pissouses, ine adouàie a  n-in boet-sen-soe, ine 
vésse qu’avét toutes lés vices hormi lés bounes.

O se brlandét qu’a corét la ganipote, qu’a fasét la 
bigourne, que de neùt, a virevaudét é a gassoullét 
toute dévitue den le courent, qu’a gravét dessu lés toets dés mésuns é se balancinét su le rebord dés 
dales, lavoure qu’in malureùs crétién arét chét a bas, avéc le virouna, é s’arét ébaroui su la sole coume ine bouse. 
Frédéri li fasit dun soun aspllicaciun : « qu’i pouvét 
pu se mouvàe, que toutes sés jhoéntures aviant de 
l’enfllésse é li fasiant in màu çhi larguét pa, qu’o li 
zaguét au lun dau rata de l’échine, dau cagouét au 
corpegnun, qu’o le chacotét den la noas de la fesse, qu’o li zundét den lés palétes dés jhenells é lés mougnuns dés bras, qu’o li frmijhét den lés énces dés déts é que le pevét pa se teni en assiant sen avoer lés goréts depeùs la çheùsse jhusqu’au grout ortall. »  
La draulàesse fasit poént d’enbaras, récitit sés 
orimus, é li dissit : « O faurat que vous boeviéz su 
dau sarpoulét qu’arat étai çheùllit au matin de la 
Sént-Jhan, avant soulall levai, o vaurét meù. » 
« Que disàu ? », dissit « Boere su dau sarpoulét ! ‒ A bun ! »  
Rendut ché li, i fasit tuàe in jhéne jhàu, en prnit lés 
tripes é lés metit au pot. Ol éssamét qu’ol en étét ine énféctaciun. É ben ! pevéz m’en crére, mun Frédéri avalit çhéle boessun jhusqu’a la drniére goulàie. Cheù malureùs crétién avét i 
pa entendut « tripe de poulét » au lleùr de 
« sarpoulét » !  
L’avét o garit ? N-en metri pa in dét a copàe !

FRÉDÉRIC ET LA DORMEUSE

 

C'est à ce malheureux Frédéric qu'il est arrivé cette histoire, toujours en rapport qu'il n'entendait rien. Ne connaissant pas la fénéantise ni ce qu'il était de perdre son temps, il n'arrêtait pas du matin au soir, à tous les temps, qu'il mouille ou qu'il vente.

A force d'attraper des ces saucées, les névralgies et les rhumatismes l'avaient empoigné de sorte qu'il ne pouvait plus marcher qu'avec des béquilles. Comme le mal excitant le persécutait, il alla prendre une consultation chez la dormeuse, la Milète, qui avait le don parce qu'elle était la septième d'une famille de pisseuses, d'une concubine et d'un boit-sans-soif, une putain qui avait tous les vices sauf les bons.

Il se médisait qu'elle courait le loup garou, qu'elle faisait la galipote, qu'elle faisait la bigourne (*), que de nuit, elle rôdait et qu'elle se baignait toute dévêtue dans la rivière, qu'elle grimpait sur les toits des maisons et se balançait sur le rebord des gouttières, là où un malheureux chrétien serait tombé en bas avec le vertige et se serait écrasé sur le sol comme une bouse.

Frédéric lui dit dans son explication : "qu'il ne pouvait plus bouger, que tous ses articulations étaient enflées et lui faisait un mal qui n'arrêtait pas, que ça lui élançait tout au long de sa colonne vertébrale, de la nuque au bas du dos, que ça le lançait dans le milieu de la fesse, que ça lui élançait dans les rotules des genoux et le bout des bras, que ça lui faisait des fourmis dans les phalanges des doigts et qu'il ne pouvait pas se tenir assis sans avoir des piques depuis la cuisse jusqu'au gros orteil."

La drôlesse ne sembla pas embarrassée récita ses prières; et lui dit :"Il faudra que vous buviez du serpolet qui aura été cueilli le matin de la Saint Jean, avant le lever du soleil, cela vaudrait mieux."

"Que dis tu ?, dit il "Boire du serpoulet ! Ah bon !

Revenu chez lui, il fit tuer un jeune coq, en prit les tripes et les mit dans un pot. Ça dégageait une telle odeur que c'en était une infection. Eh bien ! Vous pouvez me croire, mon Frédéric avala cette boisson jusqu'à la dernière gorgée. Ce malheureux chrétien n'avait il pas entendu "tripe de poulet" au lieu de "fleur de serpolet" !

Cela l'avait il guéri ? J'en mettrai pas un doigt à couper !

 

 

 

(*) Bigourne ou galipote : personnage de femme des légendes vendéennes changée en bête qui court la nuit pour faire payer un prix à des fautes commises antérieurement.

 

350 Graines de THYM SERPOLET - Thymus serpyllum - thym sauvage - farigoulette - Photo 2/4Comment différencier un jeune coq d’une poule - Omlet Blog France

Thym serpolet                                               Jeune coq

 

Traduit de la revue Bernancio n° 144 - ALT - JPB - 4-2025



16/05/2025
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