Le crapaud buffle
Le crapaud buffle ou grenouille taureau
Le crapaud buffle, ou Rhinella marina de son nom scientifique, appartient à la famille des amphibiens. Très imposant pour un batracien, il peut facilement dépasser les 10 cm de long pour plus de 2 kg à l’âge adulte. Originaire d’Amérique du Sud, le crapaud buffle est une des espèces invasives ayant causé le plus de dégâts dans la biodiversité. Sa taille et son poids en font une espèce lente et peu agile, cependant le crapaud buffle a d’autres atouts à faire valoir : il est extrêmement vorace, se reproduit de manière exponentielle et dispose de glandes situées derrière les yeux qui ont la faculté de sécréter du poison mortel (le bufotoxine ou bufoténine). On l’a retrouvé dans le corps de bon nombre de reptiles en Australie, décédés suite à l’ingestion du crapaud. Ainsi, un prédateur n’ayant pas la faculté biologique de résister au poison du crapaud buffle mourra peu après avoir consommé sa proie.
Glouton, le crapaud buffle peut manger des rongeurs, des petits oiseaux, des chauves-souris…
Si ce corps massif recouverts de verrues peut en rebuter plus d’un, Rhinella marina possède pourtant certaines propriétés qui ont trouvé leur utilité chez les humains : la bufotoxine servirait d’aphrodisiaque au Japon, de psychotropes dans certaines tribus d’Amérique centrale, et de produits médicinaux. On l’a même utilisé pendant un temps comme test de grossesse !
Ayant une vie terrestre, il dépend pourtant des zones humides pour pondre et se développer durant les premiers stades de sa vie.
En dehors de son habitat d’origine, l’animal est devenu invasif, tuant ses prédateurs potentiels avec son corps « empoisonné ». Même ses enfants, lorsqu’ils sont têtards, sont toxiques.
Mais comme chaque Goliath, ce grand costaud a un talon d’Achille : la fourmi Iridomyrmex purpureus qui mesure à peine 2 mm. Insensible à son poison, ses attaques groupées peuvent venir à bout du vorace batracien.
L’invasion des crapauds buffles orchestrée par l’homme
Pour se débarrasser d’espèces dites nuisibles, l’Homme a volontairement introduit le crapaud buffle dans de nombreux écosystèmes que l’animal a par la suite envahi. Aujourd’hui, il est présent et considéré comme espèce invasive dans de nombreuses îles des Caraïbes, de l’Indonésie et de l’Océanie et même en France .
Grande comme un poulet, la grenouille-taureau a été introduite en Gironde il y a 30 ans. C'est Armand Lotti, ancien pionnier de l'aviation qui en rapporte pour son château d'Arveyres. Sans qu'il s'attende à ce qu'elles envahissent l'Aquitaine.
L’Homme a beaucoup étudié le crapaud buffle et a souhaité profiter de sa voracité pour servir ses intérêts économiques. A la fin du 19° siècle, les premiers lâchés de crapauds buffles ont lieu dans des îles des Caraïbes pour lutter contre des insectes nuisibles ou la prolifération de rats qui font des ravages dans les plantations. Inefficace pour endiguer l’augmentation du nombre de rongeurs, l’utilisation du crapaud buffle a des effets positifs dans quelques îles contre les insectes et notamment les charançons. Grâce à ces succès, son utilisation devient fortement recommandée et c’est ainsi qu’il est relâché massivement en Australie et en Indonésie pour protéger les plantations de canne à sucre.
Malheureusement, il se montrera inefficace dans cette tâche et causera beaucoup de dégâts dans l’écosystème. Par empoisonnement, il réduira les effectifs de nombreuses espèces de reptiles tels que des varans, des crocodiles, des serpents et différentes sortes de lézards. A l’inverse, certains prédateurs qui arrivent à digérer son poison voient en lui une ressource inépuisable de nourriture et prolifèrent de manière exponentielle. Chez les espèces d’oiseaux pêcheurs qui consomment les têtards de crapauds buffles, les dégâts sont également importants. Les insectes et les petits mammifères, principales proies des crapauds buffles adultes, sont eux aussi particulièrement touchés.
Des tentatives de contrôles qui restent vaines
L’Homme tente aujourd’hui de combattre l’invasion du crapaud sans grand succès. Dans certaines villes, un jour de l’année est dédié à la chasse au crapaud pour tenter de prélever un maximum d’individus et de les éliminer. On a également remarqué que le crapaud buffle, bien que terrestre, était très dépendant de l’eau. Des petits filets ont donc été dressés autour des points d’eau pour rendre les crapauds « sensibles à la déshydratation »… Dans autres endroits en Australie, on essaie de les mettre en contact avec les fournis carnivores, un insecte qui résiste au poison des crapauds buffles et qui arrive à les chasser facilement. Cependant rien n’y fait. Chaque année, les crapauds gagnent du terrain, se reproduisent. Uniquement en Australie, on en comptait pas moins de 200 millions en 2009…
Le crapaud buffle est de couleur brune. De petites bosses semblables à des verrues couvrent son dos et l'arrière de ses pattes. Derrière chacun de ses yeux se trouve une glande à poison. Sa largeur correspond aux 3/4 de sa longueur.
Reproduction
Il se reproduit à la fin de la saison sèche, en avril et mai. La femelle arrive à maturité sexuelle lorsqu'elle atteint 7 à 8 cm de longueur, et le mâle 8,5 à 9,5 cm. La femelle pond dans l'eau et produit jusqu'à
30 000 œufs.
Alimentation
Il se nourrit surtout d'insectes, dont des fourmis et des coléoptères. Il mange aussi des escargots, des vers de terre et de petits vertébrés.
Prédateurs
L'adulte a peu de prédateurs, à cause de sa grande taille et de ses sécrétions toxiques. Les jeunes sont mangés par divers mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens.
Habitat
C'est un animal crépusculaire et nocturne. Il vit près des habitations humaines, à la lisière des forêts et dans les espaces ouverts. On trouve le crapaud buffle au sud des États-Unis, en Amérique Centrale et en Amérique du Sud jusqu'au centre du Brésil et en France.
Écologie, comportement
Le taux de mortalité est très élevé chez les jeunes de cette espèce. Pour 10 000 oeufs pondus, seulement 50 crapauds arrivent à maturité. Sa grande capacité de reproduction et sa nature vorace ont fait qu'il s'est vite répandu. Il est ainsi devenu lui-même une nuisance, surtout près des habitations humaines.
Publication ALT - JP Bouchet - 8-2024
Sources : https://www.especes-menacees.fr/
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