Autrefois la Tranche

Autrefois la Tranche

Le train de plaisir

LE TRAIN DE PLAISIR POUR LES SABLES

 

                                      Patois                                                                 Français

 

 L'voésin Piérët de pi si luntan que le velé m'emmenaïe au Sabië me disi : « P'tit ga, dimanche vaïlle dun vouère do chouses admirabie ïa rin bé do piési prendrin le traenn de piési

Au p'tit mataenn, i partirin dan t'cho chemaenn de faïrr sarrés autant que do haren couchaï dan ine penère, assis treto do lun en avant é de r'chulun

Aussitou qu'iétian arrivaïe o nous falu déjunaïe

 I mangions le paenn, les û qu'iavions dan n'eute penaïe bouvions do vin bian por nous dounaïe de l’élan

Do coûté d'la piage, iavon su pu contampiaïe ia rivère. O l’avé do minde qui se trampian dine t'chète grinde barbotouère, do petits, do luns, do grous do jènes et do vius arrous

Tôt en pia din do canucins biu, bian, roge ou bé nère.  Le nigions dans l’aëve quème lé poéssins. Le fesiant mu d'ine manière, pareils à do grous quenets le s'carions san aguener

 

O fésé chaô ! y’aviun grand sa. Y'avons été boère dan do vères grands coumme do baccaïes. Le nous seurvions d'la bière oussi frède que d’la guia à nous g'lé lé godebellas !

Do bia mossiu qu'étian juchaïe bufîant din do piboles.  D'aote zigzougnant lu s'arché sounant do fariboles.  In fi d'vesse, mine de rin chacotté le t'chu d'in chaudrin

 

La goule aussi lardje qu'in boguet do vrai caricatures se gourmiant au bras de l’lur friuquet lé jou piènes de pinture les uss to charbounnaïe Le naïe et le mentin farinaïe

Quand y avons u la dale do cou bé come o faoue arrousaïe Yavons été chez !e tabatou nous achetaïe de quoué fumaïe Y mintin dans l’e tramvoué qu'alé au lin do rambiai

O l’èté ine drôle d'charaban qu'a pouet de minture qu'a pas d'cochet par d'vant qui fé pouet de vapur.  ïne corde qu'o y a en aôw Dgille su un grou fil d'archau

 

Y avons été si vite charayaïe aux pins de la Rudelère q'arrivin tôt émoyaïe au bout d'la dévalouère.  Le Casino qui remarquin

Por dix sous y entrin

 

Autour d'ine grand'tabië o yavé do gens qui se causiant  d'gère le r'ardiant tornaïe lé ch'vau maléts qui marchiant ventre à taère «  rin ne va pu » que le huchiant terrjou lé ch'vâu galopiant.

Le manège étét'el arrétaïe, le bauliant à pieine taéte « O lé le premé qu'a le mu trotaïe. Lé gagnants sont à la faête » Avec un p'tit raquiain le raballiant le picayain

Yavons badé bé trop lintemp.  Le souleil é pu haute ure. L' traenn qui li d'jamaïe n'atan s'in va quand o lé l’ure. Y laissin t'ché bavou. Y prenin no jimbes à nète cou

A la gare, y nous burquons

Le traeen subié en démaran avec le diabe au darère Y sin bé attrapaïe. Retournin ché nous avec no pé

Yavons marchaïe tote la ni por arrivaïe d' bonne ure sognaïe lé poules, le goret, préparaïe la minture

Ine aute foué qu'i rvédrin, prendrin n'ète viu charaban

 

 

Le voisin Pieret, depuis si longtemps qu'il voulait m'emmener aux Sables, il me dit : P'tit gars, dimanche, viens donc voir des choses admirables Nous aurons bien du plaisir. Nous prendrons le train de plaisir

De bon matin, nous partons dans ce chemin de fer, serrés autant que des harengs couchés dans une panière, tous assis droit en avant et en reculant  (en arrière)

Aussitôt arrivés, il nous a fallu déjeuner. Nous mangions le pain, les œufs que nous avions dans notre panier, buvions du vin blanc pour nous donner de l’éian

Du côté de la plage, nous avons contemplé le bord de la mer.  Il y avait du monde qui se trempait dans cette grande pataugeoire, des petits, des grands, des gros des jeunes et des vieux beaux

Tout en peau dans des caleçons bleus, blanc, rouges ou bien noirs, ils nageaient dans l'eau comme Les poissons. Ils faisaient plus d'une manière, pareils à des gros canards, ils plongeaient sans s’essouffler

Il faisait chaud ! Nous avions grand'soif. Nous avons bu dans des verres grands comme des baquets. Ils nous servirent de la bière aussi froide que de la glace, à nous geler les amygdales !

Des beaux messieurs sur une estrade soufflaient dans leur instrument. D'autres, activant leurs archets, jouaient des airs de chansons. Un quidam, mine de rien, martelait le cul d'un chaudron

La bouche aussi large qu'une pelle, de vraies caricatures s'exhibaient au bras de leur freluquet les joues pleines de peinture les sourcils tout charbonnés le nez et le menton farinés

Quand nous avons eu la dalle en pente, bien comme il faut arroser, nous sommes allés chez le marchand de tabac acheter de quoi fumer, nous montons dans le tramway qui circule le long du remblai

C'est un drôle de char à bancs qui n'a pas de monture qui n'a pas de cocher par devant qui ne fait pas de vapeur. Une corde qu'il y a en haut, - glisse sur un gros fil d'archet !

Nous avons été si vite transportés  aux pins de la Rudelière que nous arrivons tous émotionnés au bout de la descente. Le Casino  nous remarquons,

Pour dix sous nous y entrons.

 

Autour d'une grande table iî y avait des gens qui ne se causaient guère. Ils regardaient tourner des chevaux de bois qui marchaient ventre à terre :

 « Rien ne va plus » s'écriaient-ils, toujours les chevaux galopant

Le manège aussitôt arrêté, Ils beuglaient à pleins poumons « C'est le premier qui a le mieux trotté. Les gagnants sont de la fête ».  Avec un petit râteau lis récupéraient le picaillon

Nous avons traîné trop longtemps. L'heure baisse au soleil. Le train qui lui jamais n'attend s'en va quand il est l'heure. Nous laissons ces baveux et prenons nos jambes à notre cou

A la gare, nous nous cassons Le nez à la barrière Le train siffle en démarrant avec le diable au derrière. Nous sommes bien attrapés. Nous retournons chez nous à pied.

Nous marchons toute la nuit Pour arriver de bonne heure soigner les poules, le cochon préparer  la monture.

Une autre fois que nous reviendrons, nous prendrons notre vieux char à bancs

 

JPB-2-10-2018

 



02/10/2018
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