Autrefois la Tranche

Autrefois la Tranche

Le crabe bleu

Le crabe bleu

 

 

Venus d’Amérique du Nord, à partir des côtes américaines, les crabes bleus se sont répandus à travers le monde, vraisemblablement à travers les eaux de ballast des navires (utilisées pour les stabiliser).

Son nom scientifique, Callinectes sapidus, signifie « belle nageuse savoureuse » en latin, et il est facile de comprendre pourquoi.

 

Le crabe bleu est un omnivore qui se nourrit d’une variété de plantes et d’animaux, y compris les algues, les vers, les palourdes, les moules, les huîtres, les poissons juvéniles, les anguilles et même d’autres crabes. Il mange presque tout en utilisant ses pinces effilées, particulièrement bien adaptées pour ouvrir les coquillages.

 

De taille de 20 cm en largeur et 9 cm de long (les femelles sont un peu plus petites), il peut atteindre une masse de 500 grammes voire de 1 kg.

Le crabe bleu a les doigts des pinces bleu vif pour les mâles et rouges pour les femelles, et une coquille vert olive, ainsi qu’une paire de pattes arrières en forme de pagaies qui l’aident à nager et à migrer. L’espèce est capable de faire 15 km à la nage par jour.

 

The Blue Mud Crab ... from the Blue Holes - Barramundi Fishing ...Crabe bleu femelle

Crabe femelle       -               Crabe mâle

 

Capable de s’adapter rapidement à différents milieux marins et estuariens ainsi que très bon reproducteur, ce crustacé pourrait avoir un impact considérable sur les espèces locales, les habitats et la pêche dont les filets peuvent être habilement coupés grâce à ses grandes pinces bleues.

C’est devenu une espèce invasive.

 
On retrouve le plus souvent le crabe bleu à faible profondeur, dans des zones côtières, des estuaires et des lagunes saumâtres. Il fréquente en particulier les sols meubles tels que la vase ou le limon. Des spécimens ont été répertoriés jusqu'à 90 mètres de profondeur.

Le crabe bleu vit principalement dans l'eau mais il peut monter sur la terre ferme, en particulier durant la nuit. Dans l'eau, il est à la fois nageur et fouisseur. Dans les sols vaseux, il réalise fréquemment des terriers pouvant atteindre une trentaine de centimètres. Ces lieux lui servent de refuge contre les prédateurs, et comme base pour surprendre ses proies.

Ses prédateurs les plus communs sont des poissons ou des oiseaux côtiers, mais il est également chassé par des tortues, des étoiles de mer et des poulpes. Plusieurs sparidés, en particulier les sars et les poissons-tambours chassent des crabes bleus, tout comme des cormorans, des goélands et des hérons.

Les cas de cannibalisme sont fréquents chez cette espèce.

 

Mode de reproduction

 

Après 7 à 18 mois, les crabes bleus atteignent la maturité sexuelle. Le moment venu, mâles et femelles migrent dans les estuaires pour se reproduire. La parade pré-nuptiale dure environ une semaine. Pendant toute cette période, le mâle tient la femelle entre ces pattes. Après l'accouplement, les femelles gardent les spermatophores, qu'elles peuvent conserver pendant un an.

L'incubation dure environ 2 semaines à une température de 26°C. Durant cette période, les embryons se développent dans leurs œufs fixés sous la carapace. La femelle relâche ensuite des larves qui seront emportées par les courants et poursuivront leur croissance en zone côtière marine.


 

Depuis plusieurs années, les pêcheurs travaillant de l’Albanie à l’Espagne en passant par la France ont pu constater la présence de cette espèce allogène (différente des espèces locales), qui affecte l’équilibre naturel de la faune autochtone. Mais ces derniers mois, sa multiplication accélérée est devenue un sérieux problème sur la côte adriatique, près de Venise. En France, le problème est aussi rencontré depuis quelque temps.

 

Où est-il présent en France ?

 

Signalée en région PACA dès les années 1960, l’espèce est aujourd’hui largement présente sur le littoral méditerranéen, particulièrement « au niveau de ses lagunes et étangs (étang de Thau, étang de Berre, Canet-Saint-Nazaire, Corse…) , Depuis 2017, les observations de cette espèce se multiplient notamment sur les côtes du golfe du Lion (l’extrême nord-ouest de la Méditerranée occidentale). On est passé de quelques individus en 2017, à 10 tonnes pêchées en 2020.

 

Il n’a pas sa place chez nous

 

En France, ce crabe n’est pas à sa place. Aux États-Unis, la faune marine est différente. Il a ses prédateurs et ses parasites qui l’empêchent de se multiplier de cette manière explosive.

 

En Europe, cette prolifération, conséquence directe de la mondialisation, a pu aussi être favorisée par « la pollution, le changement climatique et la surpêche qui ont fragilisé » le milieu marin de la Méditerranée.

 

Manger le crabe bleu pour en finir ?

 

Pour endiguer la situation, nos voisins italiens ont peut-être trouvé la solution. Des restaurateurs ont décidé d’explorer les utilisations culinaires de ce nouvel ingrédient à la chair savoureuse proche de la langouste. Les Français seraient  ils prêts à les déguster ?

 

Le crabe bleu est un mollusque très recherché, car il est considéré comme un mets délicat dans de nombreuses cuisines, en particulier dans la région de la baie de Chesapeake (USA) et en Italie où il est présent dans le delta du Po.

“À la plancha, il est très bon et on le termine au four, c'est encore mieux. Et après en bisque, alors là, c'est sublime” dit le chef cuisinier Jean Plouzennec, président des Toques Blanches Roussillon-Occitanie.

 

Consommer du crabe bleu serait il alors un geste citoyen pour optimiser sa gestion ?

 

17 recettes faciles de crabe bleu (plats que vous adorerez)

 

Une prolifération à surveiller

 

Afin d’améliorer les connaissances sur son cycle biologique, ses zones de concentration et sa saisonnalité, le Parc naturel marin du golfe du Lion teste depuis 2019 un protocole de suivi de l’espèce par capture (piégeages par casier) en mobilisant les pêcheurs et ostréiculteurs.

 

L’objectif de ce protocole est d’optimiser sa capture pour limiter son expansion. Le Parc aide également les pêcheurs locaux à mieux connaître les méthodes de gestion dans les pays où le crustacé est déjà fortement présent (Espagne et Tunisie). L’enjeu vise aussi à faciliter sa commercialisation sans pour autant pérenniser une filière d’exploitation qui viserait à gérer cette espèce d’une manière durable dans le milieu alors même que les impacts potentiels qu’il pourrait engendrer sur les écosystèmes peuvent être très importants.

 

 

Rédaction  ALT - JP Bouchet - 11-2023

Site actu.fr/planete



26/01/2024
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