Le ver solitaire
Le ver solitaire
Le ver solitaire Le Bounhomme Joséï étét in bounhomme, queumment qu'i dirèïs, qu' en trouvét bèï dans son lit, in bounhomme qui fèsét bé au moins-ye cent... cent vingt kilos. Pis bounnes gens, la bounne femme, Mélanie, a l' voyèït tos lés jours dépéri... dépéri. Le mangeait poèt', do bout dos balots. Ine belle jornaïe, a li dit : « Bé mon paure bounhomme, bé 't-o qui t' prend ? As-tu bé vu ? 'Garde dinc itchi qu' te balles dans tés canucins !
- Ah ! dame, que l' disit, mets-mou pas tchu dans moï, que l' dit. Heu, o va poèt', pis heu, i crés bé qu'i é més d' cinquante, que l' dit. Itchi, tés, i pouvans pas nous touchéï d' la manière qu'i sés chaod. » Alors, ine belle jornaïe, v'là la bounne femme qui dit d' même : « 'Tends-tu ? I allins aller voèr la cousine, itchi, la Dormuse : a nous sogn'ra baï, lé, alle a l'habitude. » La v'là qui prend le canucin au bounhomme pis qui s'en va voèr la Dormuse.
Quand alle a-t-arrivaï chez la Dormuse, v'là-t-o pas que... Ol avét do minde, do minde, l' saviant poét avour lés mette. Alle étét itchi, qu'alle attendét : « Alors, qu'a li dit, comment qu'o va d'pis qu'i t'avais vue ? Alors, lés v'là qui rentent à la mésin. « Et pis, qu'a dit, te voéïs, dans huit jours o s'ra la lune. Te li dounn'ras bé d' la tisane, bé c'mme o faot, d' la sangu'nite, pis te verras : tch'ést ine grousse bêïte que l'a dans l' vente, in gros achét qui fét bé au moins trois quate mètes. Pis te verras, l' sortira. Més te séïs, quant' le sortira, pis qu' le sentira tchette bestiole, faut qu'o fache bé nèr. Et pis surtout, quant' le c'mmenc'ra à o sentir, faut qu' le l'aide, de maême, à o tirer tot douc'ment. »
'Lors huit jours après, v'là la bounne femme, au sèr, qui rente ine pieine beuroette de jaras, heu, et pis qu'a dit : « Tcho bounhomme, d' la force que l'aïst, hè, i allins faire la tisane dans la lessiveuse. De même, i s'rans bé sûrs d'en avoèr assaïz, qu'a dit d' même. » Fout la lessivuse dans la ch'minaïe, et pis, lés v'là tot installaïs. Frume les croiséïes peur qu'o fasse nèr. Alors a fout ine grande pieine soupiène de tisane au bounhomme. Le bounhomme, le buvét tchu do bout do balots. « Ah ! dame, qu'a dit, téïs si tch'étét do vin roge, o coul'rét bé pus vite, tès. »
L' bounhomme coulét tchu, tot douc'ment. « Te sens rin-ye, qu'a li dit ?
Duxième soupiéraïe. Hé là là ! L'avét in vente comme in ché naï ! Hu ! Tot d'in coup, que l' li dit d' même : « Hé, i crés bé, i... i... i... i...crés bé qu'o v'là. I... attentiin ! » La bounne femme qu' étét itchi sus le coin do fouer d' la ch'minaïe, alle étét en train d' brocher. Pensez dinc qu'a brochét d'pis l'âge de... tote tote tote tote 'tite, alle allét garder lés ouailles. Même qu'o fèsét nèr, a pouvét brocher quand mêïme.
« Hein ! bé t' sés c' qu'alle a dit, hein-ye ? O faut qu' te l'aides à sortir, tot douc'ment, tot douc'ment, tot douc'ment. » V'là l' bounhomme qui tire tot douc'me-ent, tot douc'me-ent, tot douc'me-ent. « Oh ! bé dame, qu' l' dit, oh ! tchu m' fét bé do baï, que l' dit ! » Fèsét bé in quart d'hure que l' tiréït, pis qu'o v'nét tot l' te-emps. « Bé ! dame, qu'a dit la bounne femme, i vas teurjous bé voér la tête qu'alle a à tcho bout tchelle affaire.
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Le ver solitaire Monsieur José était un homme, comment dirais-je, qui était fort robuste, un homme qui faisait bien au moins cent... cent vingt kilos. Puis bonnes gens, sa femme, Mélanie, elle le voyait tous les jours dépérir... dépérir. Il ne mangeait point, du bout des lèvres. Une belle journée, elle lui dit : « Bien mon pauvre homme, bien qu'est-ce qui te prend ? As-tu bien vu ? Regarde donc ici que tu flottes dans tes caleçons !
Alors, une belle journée, voilà la femme qui dit comme ça : « Entends-tu ? Nous allons aller voir la cousine, ici, la Dormeuse : elle nous soignera bien, elle, elle a l'habitude. » La voilà qui prend le caleçon de l'homme et qui s'en va voir la Dormeuse. Quand elle est arrivée chez la Dormeuse, ne voilà-t-il pas que... Il y avait du monde, du monde, on ne savait pas où les mettre. Elle était ici, elle attendait : « Alors, lui dit-elle, comment ça va depuis que je t'avais vue ? Alors, les voilà qui rentrent à la maison. « Et puis, dit-elle, tu vois, dans huit jours ça sera la pleine lune. Tu lui donneras bien de la tisane, bien comme il faut, de la sanguenite (vermifuge), et tu verras : c'est une grosse bête qu'il a dans le ventre, un gros ver qui fait bien au moins trois quatre mètres. Et tu verras, il sortira. Mais tu sais, quand il sortira, et qu'il sentira la cette bestiole, il faut qu'il fasse bien noir. Et puis surtout, quand il commencera à le sentir, il faut qu'il l'aide, comme ça, à le tirer tout doucement. » Alors huit jours après, voilà la femme, au soir, qui rentre une pleine brouette de paille de fève (tiges), heu, et puis elle dit : « Cet homme, de la force qu'il est, hè, nous allons faire la tisane dans la lessiveuse. Comme ça, nous serons bien sûrs d'en avoir assez, dit-elle comme ça. » Elle met la lessiveuse dans la cheminée, et puis, les voilà tout installés. Elle ferme les fenêtres pour qu'il fasse noir. Alors elle met une grande pleine soupière de tisane à l'homme. L'homme, il buvait ça du bout des lèvres. « Ah ! alors, dit-elle, tiens si c'était du vin rouge, ça coulerait bien plus vite, tiens. » |
Site parlange.free.fr (texte et traduction)
Publication ALT - JPB - 12 - 2024
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