LA VIE À LA TRANCHE SOUS L'OCCUPATION ALLEMANDE (1940-1944)-(4)
LES RÉQUISITIONS:
Les réquisitions portent également sur les chevaux d'abord pour l'armée française à la mobilisation, ensuite par l'armée d'occupation dont certains seront emmenés lors de la retraite allemande, puis les automobiles, les bicyclettes…
Ces bicyclettes sont l’objet de recensement et de location (920 Francs par mois). Elles sont indispensables aux Tranchais qui n’ont souvent que ce moyen de transport, et sont souvent l’objet de vols et de litiges voire de fâcheries, surtout lors du départ des Allemands fin août 1944.
Les meilleures bicyclettes sont réquisitionnées et celles qui ne sont pas louées doivent être présentées périodiquement sur la place de l’église et en bon état.
Les chasseurs recensés devaient rapporter leur fusil et leurs munitions à la mairie.
Les hommes sont aussi réquisitionnés avec chevaux et charrettes pour les transports de matériels, de soldats ou encore de vivres.
Des plaintes sont déposées à la mairie pour réquisitions abusives (ex : les ânes) par les soldats allemands pour le transport de leur ravitaillement de quelques centaines de mètres alors que ce moyen manque cruellement aux agriculteurs.
Suite au sabotage de lignes téléphoniques, les Allemands obligent les hommes du pays à monter la garde jour et nuit le long des lignes ainsi que la garde du pont de La Faute. Ils sont alors munis de laissez-passer délivrés par la mairie et partent avec musette et couvertures pour la nuit.
LA PRATIQUE RELIGIEUSE:
L'abbé Gabriel Roux est le curé de la paroisse depuis 1939 et a remplacé l’abbé Justin Bouniol. L'évêque de Luçon Mgr Gustave-Lazare Garnier, décédé le 30/1/1940 est remplacé le 11/10/1941 par Mgr Antoine Cazaux ancien combattant de 14-18.
Les services religieux sont maintenus et les processions toujours soumises à autorisation.
LES PRISONNIERS:
Beaucoup de Tranchais mobilisés en 1939 ont été faits prisonniers et transférés en Allemagne.
Des colis leurs sont régulièrement envoyés ainsi qu'aux requis par leurs familles, principalement de vivres et de vêtements chauds et ils doivent renvoyer un accusé de réception au moyen d’une carte imprimée.
La correspondance est très surveillée par la censure.
Des collectes sont organisées afin de leur fournir des vêtements chauds.
Les associations d’entraide aux prisonniers et aux requis du STO organisent des soirées théâtrales (notamment écrites par le Docteur Pigeanne de l'Aiguillon) et des kermesses pour récolter des fonds afin d’envoyer des denrées.
Un stalag était un camp de soldats prisonniers Un oflag un camp réservé aux officiers Un frontstalag un camp de prisonniers situé en France, ex : Luçon, La Roche sur Yon, Poitiers, Savenay |
La société de football « Les Hippocampes » fondée en 1942 par Maurice Samson, remet les recettes des matchs à la mairie pour les prisonniers à qui des colis seront envoyés. Des spectateurs allemands assistent à ces représentations et acquittent le droit d'entrée « comme tout le monde ».
Hippocampes
LES ÉCOLES:
L’école de la Mer se trouve dans la zone interdite et en plus de la classe de garçons derrière l’église, les classes sont réparties dans plusieurs endroits :
-Rue Victor Hugo, local du menuisier Minguet
-Garage du boucher Rochereau, venelle de la Bastille
-Hôtel Valeau
-Rue Etienne Dolet
-Rue Ernest Renan, local du menuisier Milsandeau
Instituteurs: M. Daviet, M. Poiraud, M. Cousseau, Mme Brunet, Mlle Valentin aidés par les instituteurs des Mazures (Mme Collet et M. Mas)
On chante « Maréchal nous voilà » dans les écoles puis, quand il n'y a personne et en sourdine "La Marseillaise". Le portrait de Pétain est affiché dans la classe.
Les élèves sont périodiquement sollicités, suite aux circulaires du préfet, pour ramasser les doryphores dans les planches de pommes de terre.
LES JOURNAUX:
Ils sont évidemment contrôlés par la censure et en totalité pétainistes :
L’Ouest-éclair (devenu Ouest-France), l’Étoile de Vendée, la Dépêche Vendéenne, le Messager de la Vendée, le Phare de la Loire (devenu La Résistance de l'Ouest puis Presse Océan) …
LA MONNAIE:
Le Franc reste la monnaie courante. La monnaie de l’occupant, le Reichsmark, doit être acceptée par les commerçants (1RM=20 Francs - soit 0.27 € actuels)
Bien des gens ont enterré leurs valeurs (pièces d’or, argent) dans leur terrain.
LA SANTÉ:
Le docteur Lemerle et Melle Daviau font office de médecin. On fait aussi appel à celui de Longeville (Dr Matvet) ou celui d’Angles (Dr Prévost).
Quelquefois un médecin allemand vient à domicile soigner les malades (4 cas de choléra infantile où un seul enfant a survécu). C’est un capitaine en uniforme gris de la Luftwaffe résidant à l’hôtel Ker Paulette et basé à la station radar de la Jonchère qui administre lui-même les médicaments. Il a été muté quelque temps après.
Il y a aussi une pharmacienne et une sage-femme Mme Plaire.
La pharmacie a été détruite par les Allemands.
Le pharmacien François Cousquer s'est installé dans l'ancienne bijouterie Billet courant 1942.
LES LOISIRS:
Ils étaitent peu nombreux en ces temps difficiles, les rassemblements et les bals étaient interdits. des séances de cinéma égayaient le quotidien. les actualités en première partie étaient sous censure et ne parlaient que des victoires des Allemands et du gouvernement de Vichy.
LA GENDARMERIE:
Créée en 1942, elle se trouve derrière l’église dans l'ancienne poste (Police municipale actuelle), puis à la villa Ker Yoyo Chemin de l'Enclose et finalement, après la guerre, villa Juliette rue Aristide Briand près du calvaire. Les gendarmes sont maintenus à leur poste sous le contrôle étroit à la fois des Allemands et de Vichy.
LES TRANSPORTS:
Outre les bicyclettes pour les déplacements locaux, la liaison entre la Tranche et La Roche est faite par l’autobus des frères Carré trois jours par semaine à la vitesse autorisée de 60 km/h. Arrêt obligatoire à La Cigogne à Angles pour obturer les vitres du car avec des sacs à pommes de terre pour ne pas voir les radars du Moulin de la Garde de La Jonchère, lieu hautement stratégique.
Il y a aussi une liaison entre La Tranche et Luçon.
LA PROPAGANDE:
Au-delà du piège de l’ « Allemand korrekt », la propagande des Allemands et de Vichy fait tomber rapidement les masques. Cette propagande prône l’obéissance à Pétain, la résignation, la collaboration, le racisme, l’antisémitisme et la haine de la France Libre et des Alliés.
Pour contrer cette intoxication, les Tranchais écoutent la BBC, l’oreille collée au poste pour ne pas être entendus et repérés.
En 1942 l'hôtel de l'Océan devient la Kommandantur:
1942 Etablissement hôtel de l'Océan
On voit ici l'hôtel avec les filets de camouflage et devant sur la plage on distingue les barbelés.
Voir suite n°4 : https://autrefois-la-tranche.blog4ever.com/la-vie-la-tranche-sous-l-occupation-allemande-1940-1944-3
JPB - 12-2019
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