LA VIE À LA TRANCHE SOUS L'OCCUPATION ALLEMANDE (1940-1944)-(2)
Une vie quotidienne difficile
RATIONNEMENT:
Dès 1940, la désorganisation économique liée à la guerre et à l'envoi des hommes sur le front, aggravée par les conditions de l'armistice du 22 juin (prélèvements allemands) puis par le blocus anglais, entraîne des pénuries de matières premières puis de ravitaillement.
Le 23 septembre 1940, il est instauré des cartes de ravitaillement et des tickets de rationnement. Cela affecte d’abord les produits alimentaires de base : pain, sucre, huile… puis tous les autres produits, les vêtements, le tabac, le charbon, les pneus...
Ce rationnement géré par la mairie se poursuivra après la guerre jusqu'en 1949 pour le pain. Il y a des queues devant la mairie pour recevoir ses tickets et devant la boulangerie, la boucherie, la charcuterie… où quelquefois les meilleurs morceaux ne sont pas réservés aux habitants.
La valeur du ticket dépend de sa catégorie d’appartenance (7 en tout) en fonction de ses besoins (adulte, enfant, vieillard, homme au bureau, au travail de force, femme enceinte, bébé).
Certains produits sont remplacés par des ersatz (saccharine pour le sucre, chicorée pour le café, semelles de chaussures en bois ou taillées dans de vieux pneus…)
Les prix des produits alimentaires sont multipliés par 4 entre 1940 et 1943
Ce rationnement par tickets s’applique à tous : habitants tranchais mais aussi l’occupant.
LES PÉNURIES:
Suite aux réquisitions allemandes et au blocus des Alliés, beaucoup de produits manquent : vêtements, chaussures, caoutchouc, savon, charbon… ce qui oblige à « ne rien perdre, faire durer » et à économiser au maximum tout ce qui peut l’être.
On réutilise tout ce que l’on jetait auparavant, ferraille, chiffons, papiers, bois pour faire du feu, vêtements que l’on retaille ou rénove, pulls usagés que l’on détricote et que l’on retricote en chaussettes, bonnets ou gants. On réutilise les vieux rideaux pour faire une veste ou une robe…
Le système D (débrouille) est à l’honneur selon les imaginations : tabac de substitution (feuilles d’eucalyptus), fabrication de savon à partir de soude caustique et de graisse animale (ou de résine de pin, de potasse et d’ammoniaque), pain fait avec des pommes de terre et de la farine…
Toute occasion est bonne pour faire du troc.
On pratique souvent l’élevage des poules pour les œufs ainsi que celui des lapins qui fournissent la viande, bien souvent rare dans les boucheries.
Comme on manque de graines (celles-ci sont soumises à contrôle, certaines cultures sont remplacées par d’autres : rutabagas, topinambours…
D’autre part, les très nombreuses coupures d’électricité nécessitent le recours à la lampe à pétrole et le plus souvent à la simple bougie (avec tickets de rationnement)
D’importantes réquisitions (vin, œufs, volailles, fèves, pommes de terre, ail, oignons) pour ravitailler les villes amplifient les pénuries.
Bien qu’interdite et non sans risques, la pêche a contribué à nourrir les Tranchais alors que l’occupant ne se prive pas (pêche à la grenade dans les écluses). Toutefois, sur demande du maire au préfet, la récolte du goëmon est autorisée une à deux fois par an pour amender les cultures.
Des animaux (génisses, chèvres…) sont volés par les Allemands pour compenser les restrictions.
Devant la pénurie de carburant, certains propriétaires de voiture ont fait équiper la leur de gazogène à bois.
SABOTAGES
Suite au sabotage des lignes téléphoniques une nuit, les tranchais ont été réquisitionnés pour garder les poteaux télégraphiques et les lignes électriques la nuit emmenant couvertures et boissons chaudes.
LES REQUIS LOCAUX du STO
Alors qu'un certain nombre de Tranchais volontaires sont déjà au STO, l'Organisation Todt recrute en 1943 et 1944 les Tranchais de 18 à 50 ans restés sur place, pour la constructions des blockhaus du mur de l'Atlantique, les terrassements, le plantage des "asperges de Rommel" sur la plage et dans les marais pour éviter des éventuels atterrissages, ainsi que les tétraèdres métalliques et les pieux en béton devant se protéger des débarquements...
Ils sont relativement bien payés mais doivent subir l’oppression allemande et échapper quelquefois aux rafles pour le STO en Allemagne.
Classe44-implantation pieux pendant la guerre
A la Tranche un certain nombre de blockaus ont été construits dont certains ont complètement disparu.Il y en avait aussi à La faute, à l'Aiguillon,.....
L'INSÉCURITÉ :
Des explosions étaient quelquefois entendues sans savoir d'où elles provenaient.
Des avions survolaient le ciel. Le bourdonnement lourd et puissant des bombardiers faisait craindre un bombardement mais c'était le port de La Pallice qui était visé et sa base de sous-marins.
Le bruit des bottes des patrouilles de nuit était très angoissant ainsi que les tirs d'entraînement des canons des blockhaus le jour.
La plage étant interdite et couverte de tétraèdres et de barbelés, la pêche était tolérée dans certains endroits, mais très risquée.
Tétraèdres sur la plage des Sables
=> Suite article n°3 : https://autrefois-la-tranche.blog4ever.com/la-vie-la-tranche-sous-l-occupation-allemande-1940-1944-2
JPB - 12-2019
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