La fourmi d'Argentine
Après la fourmi tapinoma et la fourmi de feu,
La fourmi d’Argentine envahit le Sud de l’Europe !
Hymenoptera ; Formicidae ; Linepithema humile (ex- Iridomyrmex humilis) est son nom scientifique. La fourmi d’Argentine est peut-être la pire des espèces de fourmis invasives présentes en France : une unique colonie s’étend tout autour de la méditerranée. Elle est aujourd’hui présente non seulement en Europe, mais aussi en Amérique, en Afrique, en Australie, en Nouvelle Zélande et au Japon! Elle pourrait encore envahir d’autres régions de l’Afrique et une partie de l’Asie, qui correspondent à son habitat.
En France, on la trouve presque dans tous les départements du Sud et en Corse où elle est omniprésente. Une petite population de fourmis d’Argentine est aussi présente à Nantes, en Bretagne, à Saumur dans le val de Loire et même en Alsace et en Allemagne.
Ces espèces invasives d'origine méditerranéenne remontent à cause du réchauffement climatique.
Fourmis d'Argentine
C’est par la forte similarité de leurs hydrocarbures cuticulaires que les fourmis de cette espèce arrivent à former une unique et immense colonie. Les hydrocarbures sont des molécules produites par les fourmis qui leur permettent de différencier les fourmis de la même colonie des fourmis des autres colonies. Si toutes les fourmis des différentes colonies produisent des hydrocarbures proches, alors les fourmis l’identifient comme faisant partie de la même colonie. Elles ne s’agressent donc plus !
Dans leurs pays d’origine, les fourmis invasives ne forment généralement pas une unique colonie, ce comportement n’apparaitrait que lorsqu’elles sont introduites sur de nouveaux territoires.
De plus, contrairement aux autres espèces qui produisent des fourmis mâles et femelles ailés qui s’envolent pour s’accoupler, les sexués de la fourmi d’Argentine s’accouplent dans le nid. Il n’y a donc plus de risque pour eux de se faire manger par les oiseaux et lézards!
La fourmi d’Argentine a été importée accidentellement en Europe via des marchandises, elle s’est installée dans tout le pourtour méditerranéen. Le climat y est suffisamment doux pour lui permettre d’y survivre durant l’hiver. Les fourmis d’Argentine présentes en Europe proviendraient de la ville de Rosario, mais il est en réalité possible que cette espèce ait été introduite de multiple fois.
L’origine de l’espèce est une information importante car elle permet d’envisager le contrôle de l’invasion par un parasite. En effet, comme de nombreuses fourmis, les fourmis d’Argentine sont parasitées dans leurs pays d’origine par des mouches de la famille des Phoridae (mouches parasites des fourmis). Les chercheurs pensent d’ailleurs que le succès de la fourmi d’Argentine est dû en Europe à l’absence des mouches tueuses spécifiques de la fourmi d’Argentine.
En effet, les Phoridae sont des agents de contrôle de fourmis invasives très connus. Aux Etats-Unis, une fourmi du nom de "fourmi de feu" ou Solenopsis invicta, ainsi appelée en raison de la douleur provoquée par sa piqûre, fait l’objet d’un contrôle biologique par ces petites mouches. Les risques liés à l’introduction de la mouche spécifique de ces fourmis serait faible, puisque chacune des espèces de mouches parasites ne s’attaque qu’à une seule espèce de fourmis. De plus, les scientifiques ont déjà montré que ces mouches pouvaient modifier les communautés de fourmis, elles pourraient donc permettre aux fourmis locales de survivre au milieu des fourmis d’Argentine.
Par leur nombre et leur unicolonialité, les fourmis d’Argentine excluent toute autre espèce de fourmis du territoire qu’elles occupent. Les scientifiques ont également montré que ces fourmis invasives menacent d’autres animaux (invertébrés ou même vertébrés !) et les végétaux. Aux Etats-Unis, les invasions de fourmis d’Argentine ont causé la disparition ou la raréfaction de nombreux animaux et végétaux.
De nombreuses plantes et animaux ont évolué en relation avec certaines espèces de fourmis. Par exemple, certains papillons vivent dans des fourmilières de fourmis rouges du genre Myrmica et de nombreuses plantes ont besoin des fourmis pour disperser leurs graines. Il est certain que si la fourmi d’Argentine remplace ces espèces françaises, alors les animaux et végétaux qui y sont associés disparaîtront.
Les espèces invasives, qu’il s’agisse de fourmis ou non, sont une des principales causes de la perte de biodiversité et des extinctions d’espèces.
Mais la fourmi d’Argentine ne se contente pas de menacer la biodiversité. Elle représente également un danger pour l’agriculture par son activité d’élevage intensif de pucerons, puisque les fourmis défendent les pucerons contre de nombreux parasites et prédateurs (comme les coccinelles et certaines guêpes).
La fourmi d’argentine s’installe aussi dans les immeubles et maisons, dans chaque recoin de plafond et dans chaque fissure, ou même dans les boitiers électriques. Des scientifiques ont prouvé que les insecticides étaient en réalité peu efficaces et qu’ils avaient beaucoup moins d’importance que les changements de temps : lorsqu’il fait sec ou qu’il pleut, ces fourmis se réfugient dans les maisons pour quelques jours. Il faut alors attendre que les conditions s’améliorent pour qu’elles quittent d’elles-mêmes les maisons. En zone infestée, il est difficile de jardiner en raison de l’agressivité de ces fourmis, il faut également éviter de laisser des animaux dans des cages accessibles aux fourmis. Une étude menée en Nouvelle-Zélande montre que pour une seule des douze régions de ce pays, les dégâts causés par la fourmi d’Argentine s’élèveraient chaque année à près de 2 millions d’euros !
Il est malheureusement difficile de distinguer la fourmi d’argentine des autres fourmis. Les fourmis des genres Tapinoma (4 espèces) et Lasius niger (la fourmi noire des jardins) lui ressemblent fortement. Et il vaut mieux éviter de faire erreur : en supprimant les espèces locales, ce seraient les fourmis d’Argentine qui seraient avantagées car elles colonisent plus rapidement les espaces laissés vides.
Un des principaux enjeux des années à venir sera le contrôle des invasions biologiques, qui pourraient en particulier passer par l’interdiction du commerce international de fourmis.
Fourmis d’Argentine récoltant le miellat de pucerons.
On voit les fourmis d’Argentine se déplacer en suivant les pistes de phéromones.
Source : La fourmi d'Argentine envahit le Sud de l'Europe ! (myrmecofourmis.fr)
Voir aussi : La fourmi de feu
et : La fourmi topinoma
Publication : ALT - JPB - 8-2024
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