Autrefois la Tranche

Autrefois la Tranche

La fourmi tapinoma

La fourmi Tapinoma Magnum

 

Elle ne mesure pas plus de trois millimètres en moyenne, mais c’est un véritable fléau. Tapinoma magnum (c’est son nom latin) se développe en France et rien ne semble pouvoir l’arrêter.

Les fourmis sont petites, noires, de taille variable et quand on les touche, elles dégagent une forte odeur de beurre rance.

 

Plus on cherche à s’en débarrasser, plus elle résiste. Tapinoma magnum est une espèce de fourmi invasive qui crée des super colonies partout où elle s'implante. Elle s’en prend aux jardins, aux arbres fruitiers, aux autres insectes et peut même causer des morsures bénignes.

 

C’est une espèce méditerranéenne, corse plus précisément, qui est arrivée ensuite dans le sud de la France. Elle est désormais présente à Saumur, depuis trois à six ans, mais elle n'a été véritablement identifiée qu'en 2022, à la suite de protestation des habitants et avec l’aide des scientifiques de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (Irbi) de Tours. On pense qu’elle est arrivée via le transport de plantes d’agrément, souvent entourées de mottes de terre, peut-être avec la mode des oliviers ou des palmiers qui arrivent du pourtour méditerranéen. Les scientifiques font aussi le lien avec le réchauffement climatique car elles retrouvent des milieux chez nous qui sont accueillants. C’est une espèce avec un comportement très particulier, très invasive, et qui apporte de forts désagréments.

 

On la distingue par la taille de ses colonies d’abord, elles sont géantes et se divisent rapidement, bien plus vite que la plupart des autres espèces. D’ailleurs, Tapinoma magnum n’aime pas les autres espèces de fourmis, qui peuvent être bénéfiques pour les sols, elle les pourchasse.

 

La fourmi Tapinoma Magnum vit dans ces super colonies. Elles s’étendent particulièrement vite, sans aucune concurrence avec d’autres fourmilières. On peut les reconnaître à l’œil nu car elles sont toutes petites et ont un comportement extrêmement grégaire, hyperactif. On les retrouve essentiellement sur des terrains dégradés, les déblais. Mais elles sont aussi là en grand nombre dans les jardins : ça grouille de partout et si vous mettez un pied dehors, elles vous grimpent dessus. Une dame m’a confié qu’à cause de cela, ses petits-enfants ne venaient plus l’été chez elle ! Elles ne mordent pas mais ont un côté très envahissant. Autre particularité, elles embaument une odeur de beurre rance quand on les écrase…

Les scientifiques nous disent qu’on ne pourra pas l’éradiquer donc on les contient, on les limite le plus possible.

 

 

Plusieurs reines

"C'est une fourmi qui est polygyne, c'est-à-dire qu'il y a plusieurs reines dans la même colonie", ce qui génère une "société très populeuse". Plus de couvains, donc plus d'ouvrières, mais aussi une adaptation facilitée  : "Ces fourmis sont plus tolérantes que lorsqu'elles n'identifient pas du tout une ouvrière issue d'une reine génétiquement différente". L'agressivité entre les sociétés de fourmis étant alors moins forte, cela "facilite un développement sur des zones beaucoup plus vastes".

 

Et elles font aussi des dégâts…

Oui, notamment dans les potagers, on a vu des courgettes ou des jeunes plants d’arbres complètement attaqués. En fait, ces espèces qui n’ont pas de prédateur font le vide autour d’elles : dans les secteurs où la Tapinoma Magnum prospère, notre fourmi classique risque de disparaître dans les prochaines années. A la faveur des canalisations, des câbles, elles s’introduisent également dans les maisons… On a eu des compteurs électriques qui ont sauté chez certains habitants ! Cela rend le quotidien difficilement vivable pour une partie des concernés. L’an dernier, ça a pris une ampleur considérable, les gens étaient complètement démunis donc il a fallu proposer une démarche scientifique et cadrée, avec beaucoup de pédagogie.

 

Tapinoma : une nouvelle fourmi envahissante arrive dans le  Sud-Ouest

 

La « Tapinoma Magnum » semble gagner du terrain en France, notamment dans l’Ouest…

 

Dès que l’espèce est identifiée, il faut traiter, tout de suite.

Saumur fait office de laboratoire pour toute la France et régulièrement des communes  appellent pour  demander comment on s’y prend pour les éradiquer. Il est donc clair que l’on va reparler de cette fourmi, ici mais aussi ailleurs, et notamment dans le Val de Loire ou en Loire-Atlantique, où elle a été identifiée par exemple à Ancenis. On la trouve aussi dans le Béarn et le Bordelais.

 

La plupart des gens aggravent le problème.

 

"La plupart des gens aggravent le problème. Souvent ils mettent des produits qui détruisent les fourmis locales qui étaient encore là. Ils vont tuer quelques tapinomas mais l’année d’après ils en auront deux fois plus." Tapinoma magnum se développe sur des milieux dits "dégradés" : avec une faible biodiversité. C’est en cela que les insecticides peuvent étendre son empire et asseoir sa suprématie sur les autres types d’insectes.

On va suivre comment évolue l’espèce, il peut y avoir des surprises. A coté de Pau, il y a un village où la fourmi a disparu en un été, sans raison…

Il y a aussi la possibilité qu’une autre espèce invasive arrive et vienne déloger celle-ci. En attendant, la hausse des températures devrait les faire proliférer.

 

Deux fourmis ouvrières de couleur noire de l'espèce Tapinoma nigerrimum partagent de la nourriture. Photo macro sur fond blanc vu de profil.

 

--> A ne pas confondre avec une autre espèce aussi très invasive "la fourmi d'Argentine" présente elle aussi en France et se ressemblant fortement.

 

Rédaction Jean-Pierre Bouchet  ALT  7-2023

Sources : Sud-Ouest; Ouest-France; https://www.myrmecofourmis.fr/

 

 

 






22/07/2023
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