Autrefois la Tranche

Il y a des matins comme ça

O l at daus matins de maeme que tot dévat.

Au déjhunàe, ta routie cheùt au bas, dau coutai dau beùre, bé sur. Ou bé ta moque de cafae vrse su ta çhulote. Ou alore ol ét tun lét qui regoule en-su de la castrole.

Au moument de te nalàe pr ta rabinàie, te sés pu avoure que t’as sarai tés cllais. Ou bé ol ét le bousin de ta voeture qui s’avise de prendre dau lési.

Alore te sunjhes pr en-deden : “O vat màu dés a matin !”

Ol at daus matins de maeme que tot dévat.

Ol at daus matins que te sunjhes en çhéle draullére qui te métét tot en quet-quet, que te velàes te mariàe avéc quant te seràes grand, pi qu’at jhamae velu de toe.

Te raeves a çhés péyis que te t’étàes proumis de vesitàe, toe qu’as pa véyajhai pu loén que la Vendée.

Te ramines su tot çhau munde que te velàes sognàe, aedàe, quant te seràes métecin, toe qu’aes rendu cuntablle anit.

Ol at daus matins de maeme...

Il y a des matins comme ça où tout va mal.

Au petit déjeuner, ta tartine grillée tombe par terre, du côté du beurre, bien sûr. Ou bien ta tasse de café se renverse sur ton pantalon. Ou alors c’est ton lait qui déborde au dessus de la casserole.

Au moment de partir au travail, tu ne sais plus où tu as rangé tes clés. Ou bien c’est le moteur de ta voiture qui décide de prendre des vacances.

Alors tu penses en toi-même : “Ça va mal dès ce matin !”

Il y a des matins comme ça où tout va mal.

Il y a des matins où tu penses à cette fille qui te mettait tout en émoi, que tu voulais épouser quand tu serais grand, et qui n’a jamais voulu de toi.

Tu rêves à ces pays que tu t’étais promis de visiter, toi qui n’as pas voyagé plus loin que la Vendée.

Tu te rappelles tous ces gens que tu voulais soigner, aider, quand tu serais médecin, toi qui es devenu comptable aujourd’hui.

Il y a des matins comme ça...