Autrefois la Tranche

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La chapelle sainte Anne de Jard sur mer

La chapelle sainte Anne de Jard sur mer:

 

 

Une légende se rapporte à la construction d’une chapelle dédiée à sainte Anne sur la commune de Jard-sur-Mer, en Vendée, placée dans le bourg, presque à son extrémité ouest, et qui ne présente, en tant que monument ; rien de curieux. Sur une pierre placée au dessus du portail est gravée la date de 1652, probablement de l’achèvement complet de l’édifice...

 

Parmi les tableaux qui l’ornent intérieurement, deux méritent une mention pour leur ancienneté, leur étrangeté. L’un, sur autel, représente sainte Anne tendant l’Enfant Jésus à la sainte Vierge qui se recule comme frappée d’étonnement. Sainte Anne étant morte avant la naissance du Christ, cette scène semblerait une sorte de vision, de prédiction de l’Annonciation.

L’autre tableau montre, sur un tombeau ou autel, une sainte Anne visible à mi-corps. De chaque côté se voient des tombeaux, d’où sortent des mains levées vers le ciel, et surmontés, l’un d’un vase funéraire, l’autre d’une sainte ou de la sainte Vierge avec un enfant et une croix. Au dessus, planent trois têtes d’anges ; en dessous, apparaissent trois saints.

Par des actes notariés en date du 22 août 1650, des habitants de Jard s’engagent à subvenir aux frais de construction et d’entretien de la chapelle et donnent hypothèques sur leurs biens, avec approbation de Pierre, évêque de Luçon et du secrétaire Mgr Brochard. La bénédiction de la chapelle a eu lieu le 24 août 1650 par « nous, Aymé Dupleix, prêtre, bachelier en théologie de l’Université de Paris, recteur de Notre-Dame de Bon-Port des Sables et doyen de Talmont », l’abbé Godard étant curé de la paroisse de Jard (1617-1661). L’érection de cette chapelle avait été décidée à la suite d’un événement miraculeux.

 

Chapelle Sainte Anne de Jard sur mer

 

Sous les premières années du règne de Louis XIV, vivait à Jard une petite fille infirme nommée Anne. Si ses membres paralysés la rendaient un objet de pitié, son intelligence, sa douceur, la faisaient aimer de tous. Jamais, en voyant les fillettes de son âge jouer, danser ou aller joyeusement à la pêche sur la côte, jamais la comparaison entre son état et celui des autres ne lui avait inspiré un sentiment d’envie, de colère.

 

Tout au plus, un regret se glissait-il timidement dans son âme et couvrait parfois son joli et pâle visage d’une ombre de tristesse. Vite alors, elle se reprochait cette impression comme une offense envers la divine miséricorde de Dieu et elle se réfugiait dans la prière, la prière sainte, seule force des faibles, seul soutien des malheureux, seule consolation des affligés. Elle pensait à sa première communion, à laquelle la préparait le curé, à sa bienheureuse patronne, et le calme, la gaieté lui revenaient.

Ses parents, humbles cultivateurs, obligés de quitter la maison pour travailler aux champs, portaient leur fille, chaque fois que le temps était beau, au pied d’une barge. Là, assise contre le foin, elle se distrayait à voir passer les habitants du bourg, à répondre d’un sourire à leur bonjour amical. Mais son grand amusement était de parcourir des yeux ces espaces où son pied ne pouvait la mener.

 

Entre les magnifiques ormes qui couvraient alors cette partie de la campagne, elle apercevait la plaine verdoyante, les bois qui enveloppaient de leurs rameaux centenaires la Grange, demeure des puissants abbés de Lieu-Dieu et l’antique abbaye. Devant elle, s’étendaient les dunes cachant l’Océan, dont la voix éternelle s’élevait derrière ce rempart, tantôt terrible et menaçante, tantôt douce et harmonieuse. Ces mélodies emplissaient l’air, berçaient la contemplation mélancolique de l’enfant qui oubliant ses souffrances, son immobilité, croyait errer, légère comme l’oiseau, dans l’infini.

Un soir de ces brûlantes journées de la fin de juillet où tout se tait dans la nature, où la nappe argentée de la mer paraît une immense plaine de marbre, la fillette, fatiguée par la chaleur, perdue dans une de ses songeries habituelles, s’assoupit en murmurant une prière à sa patronne. Tout à coup elle se réveilla brusquement. On l’avait appelée. Pourtant, elle ne vit personne. Seul, un rayon de soleil, trouant l’épais feuillage des arbres, se projetait sur le sol en ardent cercle d’or.

— Anne, Anne, répéta une voix mystérieuse.

 

Et, en même temps, devant l’enfant surprise, mais non effrayée, se montra au milieu du rayon, une Dame d’un aspect vénérable, majestueux. Ses vêtements brillaient d’un éclat surnaturel, une auréole céleste entourait son visage imposant qui souriait avec bonté.

— Je suis ta patronne, mère de la Très Sainte Vierge Marie. Dis à tes parents de prévenir M. le curé que je veux avoir une chapelle à cette place.

En achevant ces mots, sainte Anne disparut, laissant la petite fille dans une pieuse extase. Ses parents ne firent que rire au récit, de cette apparition, et croyant à un rêve, ils continuèrent leurs travaux sans s’en préoccuper davantage.

 

Mais sainte Anne se montra de nouveau.

— Puisque tes parents n’ont pas fait ma commission, dit-elle, je te charge de ce soin, ma fille, et je récompenserai ta confiance en moi.

Prenant par la main la fillette, qui sentit une force inconnue pénétrer son être, elle l’amena jusqu’à la porte de la cure et s’évanouit dans les airs. Anne était guérie.

 

Article de : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article12220

 

 

 

 



29/07/2018
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