Autrefois la Tranche

Autrefois la Tranche

L'étranjhesi

 

 

L’ÉTRANJHESI

 

Ché li, ol at casiment pu rén a menjhàe

Daus soudards alant vantér le tuàe.

Fàut que l’anjhe vrnàe alleùr

Pr trovàe ine vie mélleùre.

 

 « Pr le voeyajhe, praete me quéques sous

I t’o redounerae tot, pi mae en pu, sur !

Éjhe poe pour, crés me, o serat bétout

 A cause que i arae ine vie mélleùre. »

 

Queùs chétis mundes çhés passeùrs !

L’avant lés pais chàuds ; jha ébousant :

Le beselant trjhou mae d’arjhent.

Fàut o en faere pr ine vie mélleùre !

 

Le sant bérède den le batea, o vat calviràe pr sur

Le menour lés at cllacai ; prsoune pr cundire.

L’avant grand pour mé pr s’aviallàe, pr pa se chérvir

Le sunjhant trtouts a ine vie mélleùre.

 

La vimére ét vénghue, lés vela seguellais

Ol at pa a dire, o vat arivàe aventure.

A matin, le l’avant avisai rac ine pllajhe, néyai.

 La pllajhe voure que le trchét ine vie mélleùre.

 

In bea lot dissirant qu’étét bae de sa fàute, oussi

Qu’ol arét pa arivai si l’avét rechtai ché li.

L’étiant ré que deùs troes pr regretàe qu’asseùre

Ac  entreùs l’éjhe pa pr de bun ine vie mélleùre.

 

Micha Cardinea

L’ÉMIGRÉ

 

Chez lui, il n’y a quasiment plus rien à manger

Des soldats allaient venir le tuer.

Faut qu’il aille chercher ailleurs

Pour trouver une vie meilleure.

 

« Pour le voyage, prête moi quelques sous

Je te le redonnerais bientôt, puis davantage, sûr !

Ai pas peur, crois moi, ça sera bientôt

Parce que j’aurai une vie meilleure. »

 

Quels méchantes personnes ces passeurs !

Ils s’enrichissent ; pas étonnant :

Ils sollicitent toujours plus d’argent.

Faut-il en faire pour une vie meilleure !

 

Ils sont beaucoup dans le bateau, il va chavirer c’est sûr

Le conducteur les a abandonnés; personne pour conduire.

Ils ont très peur mais pour s’encourager, pour pas s’angoisser

Ils pensent tous à une vie meilleure.

 

La tempête est venue, les voilà secoués

Il n’y a pas à dire, il va arriver un malheur.

Au matin, on l’a aperçu près d’une plage, noyé.

La plage où il cherchait une vie meilleure.

 

Beaucoup diront que c’était bien de sa faute, aussi

Que ça ne serait pas arrivé si il était resté chez lui.

Ils n’étaient que deux ou trois pour regretter que maintenant

Avec eux, il n’ait pas pour de bon une vie meilleure.

 

Un bateau de migrants chavire, au moins 35 morts – Tambour

Tiré de la revue Bernancio

Traduction JP Bouchet ALT - 7-2023



28/07/2023
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 166 autres membres